biographie
1904-1937
1904 Naissance le 21 septembre à Leipzig. Le père de HH est médecin.
Déjà petit garçon il dessine beaucoup dans ses cahiers d'écolier; il
est fasciné par les éclairs d'orage qu'il fixe sur le papier à l'aide
d'innombrables lignes en zigzag tracées avec fulgurance.
" Quand j'étais à l'âge où on fait des bonhommes, j'ai dessiné sur
des cahiers entiers, en quantité infinie, tous les éclairs que je pouvais
voir. Voir ou ne pas voir. Du haut jusqu'en bas, toujours des
éclairs, des éclairs, des éclairs. Il est probable que cela subsiste
encore dans ma manière de dessiner qui très souvent a ce côté
zigzaguant, ce côté du trait qui traverse en vitesse une page. Cela
se peut tant les éclairs m'avaient vivement impressionnés. " (16)
1912-14 La famille déménage à Bâle. L'astronomie et la photographie
enchantent Hans ; il se construit lui-même un télescope auquel il
adapte un appareil photographique tout simple. En 1914 la famille
retourne à Leipzig à cause de la guerre.
1915-20 Le père est muté en tant que médecin-chef à l'hôpital militaire de
Dresde. Lycée de Dresde et baccalauréat littéraire.
Il découvre au musée de Dresde les bleus et les rouges superbes
du Destin des animaux de Franz Marc, qui le bouleverse.
" La seule chose qui me gênait, c'était la présence des animaux.
Sans eux, ç'aurait été un étonnant tableau abstrait." (1)
Franz Marc , Le Destin des animaux, 1913, 196 x 266, Bâle, Kunstmuseum |
Rembrandt, La famille, 1666-1668 , huile sur toile, 126 x 167 cm Braunschweig, Herzog Anton Ulrich-Museum |
1921 " J'aimais les gravures de Slevogt, exécutées de manière cursive,
d'une écriture rapide qui se détache déjà un peu du réalisme
comme si elle se voulait une sténo des sujets représentés" (2)
Max Slevogt Achille, 1907/1916 |
Achille, n.d - lithographie - 355 x 440 mm et détail |
Christian Rohlfs, Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, 1916, xylographie |
ŒUVRE IMPRIMÉ
Portrait de Franz Liszt (Ex-libris pour Johannes Landgraf), [1921] - RMM 1 |
" La première gravure sur bois que j'ai faite dans ma vie, qui est d'ailleurs ma première gravure tout court a été réalisée pour un ami que j'avais à l'école et qui était musicien. Souvent nous travaillions ensemble: moi je dessinais, lui jouait du piano. C'était une espèce de coïncidence du rythme... A sa demande, j'ai fait un Franz Liszt sur bois, de façon traditionnelle.." (3)
1922-24 En 1922, Hartung réalise ses premières aquarelles abstraites, des
encres entre figures et taches, à la fin de l’année 1923 et début
1924, une importante série de dessins au fusain et à la sanguine.
Ces œuvres qui traverseront la guerre et de multiples déplacements
seront régulièrement exposées après 1945.
Étude de philosophie et d'histoire de l'art à l'Université et à
l'Akademie für graphische Künste und Kunstgewerbe, Leipzig.
La mort de sa mère le 23 mars 1924 l'incite à revenir à Dresde et
marque une rupture dans son travail.
1925 En automne, inscription à l'Akademie der Künste, Dresde. C'est là qu'il assiste à une conférence de Kandinsky parlant de l'abstraction comme d'une valeur acquise dans l'histoire de l'art. Il est confronté, stupéfait, à d'autres courants de l'art non-figuratif.
1926 Il découvre lors de l’exposition internationale de Dresde, l'impressionnisme
le fauvisme et le cubisme. " En 1926, j'ai vu pour la première fois l'art français à Dresde dans
une très grande exposition internationale, et c'est la partie française qui m'intéressait le plus. Je voyais pour la première fois des
choses de Rousseau, de Picasso, de Rouault, de Matisse, de
Braque." (3) Il effectue des copies d'après Goya, Frans Hals, Le Greco, Picasso
et Matisse.
Excursion en vélo à travers la France et l'Italie pendant l'été, en
octobre, premier voyage à Paris où il s’inscrit à l’Académie André
Lhote jusqu’en février 1928.
1927 Séjour dans le sud de la France, à Barcarès et sur la plage de Leucate, près de Perpignan. " Je vivais au bord de la plage, dans une cabane de pêcheurs. Je la dessinais inlassablement sous tous ses angles." (1)
ŒUVRE IMPRIMÉ
" En 1927, [j'ai débuté la gravure,] de moi-même par intérêt
pour le côté graphique de la pointe sèche." (4) Premières eau-fortes et pointes sèches travaillées sur plaque de
zinc, que l'artiste imprime lui-même. Les sujets sont des personnages
(baigneuses, nus, scènes d'intérieur) dessinés au trait, sans
arrière-plan, excepté Baigneuse à la ferme saxonne.
[Baigneuse à la ferme saxonne] - RMM 6 |
ŒUVRE IMPRIMÉ |
|
Autoportrait - RMM 22 |
1929-1930 Anna-Eva Bergman: " ... Le 9 mai 1929, on s'est rencontré à
[l'Académie] Scandinave, la maison Mapon à Montparnasse, où il y
a un dancing. Des amis nous avaient emmenés parce qu'on parle
allemand tous les deux. Je venais d'arriver de Vienne. Après on ne
s'est pratiquement plus quittés d'une semelle." (14)
En septembre 1929 aprés leur rencontre à Paris et un séjour à
Leucate durant l’été, Anna-Eva Bergman et Hans Hartung se
marient à Dresde où ils demeurent juqu’au mois d’octobre 1930.
Le couple passe l’hiver 1930-1931 à la Colle sur Loup prés de St
Paul de Vence.
Aucune gravure ne sera réalisée par l'artiste jusqu'en 1938.
1931 Retour à Dresde où il travaille beaucoup. En novembre, première exposition à la Galerie Heinrich Kühl, Hans Hartung,
Gemälde, Aquarelle und Zeichnungen, Dresde.
" ... J'eus même la surprise de vendre une petite toile abstraite à
un collectionneur célèbre, Fritz Bienert. Plus important pour moi
encore, j'y fis la connaissance de Will Grohmann, l'historien d'art le
plus important d'Allemagne et connu dans le monde entier. " (1)
1932 En février participation à Junger Kunstler, Galerie Flechtheim,
Berlin.
En avril, départ pour la Norvège, exposition avec Anna-Eva
Bergman
En mai, exposition chez Blomqvist's Kunsthandel, Oslo.
AEB: " Nous avons tous les deux exposés là, d'ailleurs, parce que
c'était mon professeur d'académie qui avait organisé cette exposition.
[...] Il a eu de très bonnes critiques parmi les intellectuels.
Mais la vente n'était pas tellement bonne. C'était des gens de
notre famille qui ont acheté quelque chose [...], mais aussi un
grand collectionneur en Norvège [... ] a acheté aussi un grand
tableau de Hans. [...]
Après cette exposition d'Oslo, nous avons loué une petite maison
de pêcheur dans une île de Norvège du sud, qui s'appelle
Homboröen, et là, on est restés plusieurs mois: on a travaillé, on
a pêché, on a vécu une vie tout à fait innocente et merveilleuse,
et le jour de son anniversaire, arrive un message de l'épicier qui
habite en face dans un petit village, qu'il y a un télégramme pour
nous; et on a pensé que c'était sûrement un télégramme de félicitations
pour l'anniversaire [...] Il y a un télégramme qui dit:
Monsieur Hartung est mort" (14)
En septembre, la mort subite de son père, dont l’importante correspondance
témoigne de la bienveillance pour le couple, provoque
une crise profonde chez l’artiste, départ de Homboröen
pour Dresde, puis Paris fin octobre chez Bao Bergman, la mère de
Anna-Eva, chez qui Hartung laissera des œuvres qui seront mises
dépôt à la Galerie Jeanne Bucher, Paris en janvier 1933.
" Sa disparition marqua la fin de notre insouciance. Les années noires
commençaient. [...] Jusque-là j'avais vécu comme un enfant,
sans me soucier du lendemain, comptant sur l'aide de mon père,
comme si elle m'était acquise pour toujours." (2)
1933 Fin 1932, ils s'installent aux Baléares, sur la côte nord de
Minorque et à proximité du village de pêcheurs de Fornells, dans
une maison à l'aménagement monacal qu'ils ont faits construire
d'après leurs propres plans.
" Nous vivions pauvrement mais le bonheur rayonnait de nouveau.
... je reprenais goût à la peinture." (2)
Hartung produit à nouveau avec force vers une peinture guidée
par l'instinct.
" J'en avais assez. Un beau jour, j'envoyai tout au diable et je sortis
mes anciens dessins, je retournai à mes taches des années
1922-1924 […] Et je retrouvai la liberté de peindre et de dessiner
d'une manière tout autre et dans ma liberté antérieure. Ce fut un
grand moment." (2)
" En fin en 1933 [...] j'ai compris que le chemin que j'avais pris dix
ou onze ans avant était le vrai pour moi. J'ai regardé enfin mes
anciens dessins du temps de l'école. J'ai tout lâché et j'ai recommencé
d'après eux." (3)
1934 La situation se dégrade, le couple, suspecté d'espionnage, est
forcé de quitter Minorque pour aller à Paris puis à Stockholm.
AEB: " Nous étions tout le temps, constamment entourés de gardes
civils [...] et, finalement, le consul allemand nous a donné le
conseil de quitter l'île parce que la guerre civile commençait de se
montrer à l'horizon. Exactement au même moment, vient une
horrible nouvelle disant que notre compte bancaire en Allemagne
était bloqué... On n'avait plus un sou et notre seul espoir était les
futures expositions qui étaient prévues en Norvège et en Suède." (14)
" Les tableaux étaient tous emballés en caisse et devaient suivre.
Nous sommes allés d'abord à Paris, où il y avait ma mère et nous
étions toujours sans un sou, tout juste de quoi arriver. Mais après
un séjour à Paris, nous sommes partis en Norvège pour notre
exposition, mais les tableaux n'arrivaient pas. Ils étaient confisqués
par la douane à Barcelone, qui réclamaient trois photos de
chaque tableaux et dessin, plus les mesures exactes de chaque
objet. Et comme rien ne marchait, après cela, nous sommes allés
en Suède avec l'espoir que la famille pouvait nous aider d'une
façon ou d'une autre. [...]
Alors, on a finalement loué un atelier sous la condition de fournir
des références de nos familles. Et nous sommes restés quelques
mois à Stockholm, toujours sans tableaux d'Espagne." (14)
1935 L’exposition prévue à Oslo est annulée, le couple s’installe à Berlin
dans l'espoir de clarifier sa situation matérielle.
Suite au conseil de Will Grohmann et après une lettre de Christian
Zervos (qui a visité son atelier à Berlin) lui demandant de venir à
Paris, il quitte l’Allemagne en octobre 1935, Anna-Eva part à Oslo.
Son premier atelier parisien est situé au 19 de la rue Daguerre,
près de celui de Goetz. Il vit très simplement.
" Je me mettais chaque jour à la même table, au [café du] Dôme,
sans parler à personne, et je commandais un café-crème. En commandant
un café-crème, on avait droit aussi à du papier et de
l'encre. J'ai fait beaucoup de dessins au Dôme, jusqu'au jour où le
garçon m'a dit : "C'est pour écrire ou c'est pour barbouiller ?" Il
fallait que j'attende quelque temps pour retourner au Dôme, et
trouver un autre garçon, si c'était possible." (11)
Il expose pour la première fois au Salon des Surindépendants.
Il se lie d'amitié avec Henri Goetz et Christine Boumeister, ses
voisins d’atelier, avec Jean Hélion, et, par son intermédiaire rencontre
Kandinsky, Mondrian, Magnelli, Domela, Miro et Calder.
1936 Correspondance régulière avec Anna-Eva, malade elle est en
convalescence dans le sud de la France
En octobre nouvel atelier
8 rue François Mouthon.
En mai exposition à la Galerie Pierre, Paris avec Arp, Ferren,
Giacometti, Hélion, Kandinsky, Nelson, Paalen et Sophie Taeuber.
Reproduction dans Axis, Londres de T 1936-2 dans le n°6 (été) et
d’une mine de plomb dans le n°7 (automne).
Novembre, participation à Drawing London Gallery, Londres.
1937 Au cours de ces années s'accentue le procédé éprouvé à Minorque
la transformation détaillée de dessins produits spontanément en
tableaux à l'huile et sur toile. Procédé utilisé de façon variée jusqu'en
1960.
Encouragé dans cette direction par son ami Hélion: -
" Ecoute, me dit-il, si tu as la possibilité de t'acheter une toile et
de peindre l'esquisse que tu as faite, reste fidèle à ton esquisse.
N'y change rien. Gardes-en même les accidents, les imprévus qui
ont surgi de la technique de l'aquarelle, du crayon, de l'encre ou
de la cire. Essaie de rester frais, naturel. C'est très difficile, mais ta
peinture y gagnera." (2)
Fin juillet, participation à Origine et développement de l'art international
indépendant, organisée par Christian Zervos, Musée du
Jeu de Paume, Paris.
C'est à cette occasion qu’il rencontre Julio González et découvre
ses sculptures.
Reproducction dans Transition n°26, New-York de T 1936-1