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Sur les circonstances de l'établissement du catalogue raisonné des estampes de Hans Hartung · Remerciements

 

Le projet qui connaît son aboutissement dans la publication en ligne, au cours de l'été 2010, de HANS HARTUNG | Les estampes · Die Druckgraphik · The prints | catalogue raisonné remonte à une ancienne suggestion que m'avait transmise Catherine Tieck, à Paris, au début des années quatre-vingt-dix : établir le catalogue raisonné de l'œuvre imprimé de l'artiste allemand et français. Un premier contact avec la Fondation Hans Hartung & Anna-Eva Bergman est intervenu lors d’une visite au cours de l'hiver 1994-1995, à l'occasion d'une conférence sur la gravure de Jean Fautrier que j'ai donnée au Musée Picasso à Antibes. Les premières bases concrètes du projet furent jetées entre les 20 et 23 juin 1998, lors d'un séjour inaugural à la Fondation Hans Hartung & Anne-Eva Bergman, à l’initiative de François Hers, directeur. Le travail proprement dit s'est déroulé à partir du 15 août 1998 et jusqu'au 23 mai 2008, à la faveur à tout le moins de cinquante-neuf séjours à Antibes et quelque deux cent soixante-quinze journées de travail - sans parler des diverses mises au point de forme et de contenu qui précédèrent la mise en ligne proprement dite, fin juillet 2010, avec toutes les imperfections du premier essai − bien entendu promis encore à tous les nécessaires amendements. Il s’agit d’un work in progress.

Il va sans dire que la présence à Antibes du fonds immense des estampes et de toute la documentation qui les accompagne a créé la base de travail idéale. A telle enseigne que le présent catalogue, tout en étant, à bien regarder, le catalogue d'une collection - celle de la Fondation Hans Hartung & Anna-Eva Bergman, patrimoine à la fois de référence intangible et de réserve prête à la diffusion de ses constituants -, a très naturellement permis de dessiner ici l'arbre qui porte de façon quasi-exhaustive les fruits originaux du grand peintre-graveur et peintre-lithographe.

Car il convient de rappeler que Hans Hartung, tenu par l'ambition de ne rien céder, de ne céder sur rien sans délibération, avait mis en place une sorte de gestion universelle de son œuvre et de ses paramètres. Non seulement il se fit restituer et conserva toute feuille qui sortit de presse, tout essai d'impression, toute édition - qu'il l'acceptât ou la rejetât par la suite (d'où parfois de triples tirages). Les comptes rendus de conversation(s), les diverses notes pro memoria, sur des billets, des carnets ou des semainiers, les justificatifs, bons de livraison, factures et courriers, manuscrits ou dactylographiques, vinrent également nourrir la stratification mémorielle.

Encore fallait-il, pour ne rien dire de la nécessaire discrimination appropriée de la masse des matériaux constituant l'œuvre à proprement parler, bien comprendre les couleurs et les codes portés sur les bordereaux, être sûr de ce que toutes les étapes décisionnelles aient été retenues et que les conclusions aient toujours été respectées et suivies d'effet. Car la maison Hartung, pourtant encline à l'esprit de suite et soucieuse de cohérence, était non moins susceptible, parfois, d'intermittences dans l'attention, de discontinuité dans les procédures et d'inversion des conduites. Toutes caractéristiques (bien humaines) qui dérident (heureusement) le catalographe.

Dès le premier séjour à Antibes, j'ai bénéficié à chaque fois de l'assistance magnifiquement assidue et complice de Geneviève Laplanche, graveur et documentaliste à Genève, qui a défriché, puis conditionné les lourdes rames de feuilles de papier accumulées dans les dépôts, pour que nous puissions en identifier les éléments et les recompter ; distribué les états sur des tables, pour que nous puissions les examiner ; discuté avec moi les questions techniques que nous rencontrions ; fouillé dans les archives, lorsque des interrogations pouvaient y receler des réponses ; classé méthodiquement la documentation utilisée - et produite ; installé dans les meubles de rangement les matériaux décrits et ordonnés, en perpétuelle augmentation. Bref, Geneviève Laplanche a été une partenaire idéale dans cette longue opération d'établissement du catalogue que je rédigeais. Plus tard, elle a également travaillé à la préparation de la mise en ligne de l’ouvrage. Elle sait toute mon amicale reconnaissance.

Parmi toutes les modalités de la coopération légitimement accordée par la Fondation Hans Hartung & Anna-Eva Bergman à l'auteur du catalogue, il convient de mettre en avant, plus encore que les archives rassemblées avec vigilance et acribie sinon ordre incontestable, la profonde mémoire et les recherches avisées de Marie Aanderaa, qui s'est toujours immergée avec bienveillance dans les dossiers qu'elle avait constitués au fil du temps. La secrétaire, l'assistante personnelle de Hans Hartung et de sa maison depuis l'automne 1959 jusqu'à la mort de l'artiste, en 1989, a toujours répondu à nos questions avec entrain et au mieux de ses possibilités, quand je ne me suis pas longuement plongé moi-même, tout comme Geneviève Laplanche, dans les archives hartungiennes. Marie Aanderaa est fidèlement créditée de ses réponses dans le catalogue raisonné. C'est un plaisir que de l'assurer de notre gratitude et de notre admiration pour sa constance au service de l'artiste.

Marcelle Driessen, qui fut encore au service de Hans Hartung et d'Anna-Eva Bergman, a non seulement préparé à la Fondation des repas aussi réguliers et délicieux qu'inoubliables, mais elle a aussi répondu très gentiment à nos requêtes en matière de photographies et de duplication.

Hervé Coste de Champeron, qui fut l'un des assistants d'atelier de Hans Hartung dès mars 1988, est chargé à la Fondation Hans Hartung & Anna-Eva Bergman de tenir à jour le bref inventaire numérique informatisé des estampes. Ce registre a été utile lorsqu'il s'est agi de saisir la simple identité matérielle des pièces à décrire et à reproduire. C'est Hervé Coste de Champeron, souvent assisté de Geneviève Laplanche dans la reconnaissance des planches à photographier, qui a mené, dans un esprit de service et de très aimable obligeance que je salue avec reconnaissance, la longue campagne de prise de vues qui permet désormais d'illustrer chaque estampe (et chacun de ses états) d'une photographie de haute définition.

Les manipulations physiques de tant et tant d'estampes, pesant in fine un poids défiant la seule histoire esthétique, et auxquelles il fallut, au cours de nombreuses opérations d'identification, apposer une justification et la marque sèche de l'atelier Hans Hartung, ont bénéficié des soins attentifs de Roland Massenhove, régisseur à la Fondation.

Jean-Luc Uro, qui fut l'un des assistants d'atelier de Hans Hartung dès octobre 1988, est à la Fondation Hans Hartung & Anna-Eva Bergman l'homme du site sur la Toile et des programmes qui permettent de mener des recherches croisant dans le corpus hartungien dates, coupures de presse, expositions, formats, images, techniques. C'est lui qui, avec la plus louable, joviale et vigilante persévérance, et nous lui en savons le plus grand gré, a transféré les descriptifs et notices du catalogue raisonné dans le logiciel de mise en ligne et qui a construit, toujours avec l'aide d'Alain Vial, l'ingénieur informaticien de la maison Hartung, habile inventeur de solutions, l'édifice virtuel du présent ouvrage seulement consultable à l'écran.

Bref, tous les collaborateurs de la Fondation Hans Hartung & Anna-Eva Bergman, dont la direction est assumée depuis 1995 par François Hers, ont, de près ou de plus loin, accompagné, souvent activement et toujours avec le sourire, la lente naissance du catalogue raisonné que j'ai rédigé dans un lieu dont l'agrément quotidien et la beauté sont passibles, on s'en doute, d'épithètes homériques. L'on voudra bien m'autoriser, pour les remercier vivement tous et dans le souci de n'oublier personne, à n'en nommer qu'un encore, même s'il cultive d'autres missions au sein de la fondation antiboise : Bernard Derderian, qui après avoir travaillé aux côtés de Hans Hartung de 1980 à 1982, est revenu en avril 1987 au Champ des oliviers. Enfin, je souhaite évoquer affectueusement la présence de Christine Lamothe, qui veille depuis 1992 sur l'œuvre d'Anna-Eva Bergman à la fondation qui porte le nom des deux artistes.

Rainer Michael Mason