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n° RMM
RMM 521

L 1977-1, 1977
photo-autographie sur zinc (rouleau encreur sur acétate), en noir indigo et ordinaire (deux passages), sur vélin [d’Arches]
520 x 400 / 770 x 560 mm (format moyen)

I. Epreuves
a. (5) sans aucune inscription, dont une portant au verso, de la main de MA, Choisie par Nicolas Hélion le 15/4/77 / Une première épreuve à part celles de Paris / qui sont avant

II. Edition
b. 99 épreuves justifiées et signées H—t—g
+ diverses épreuves, soit: 
c. 30 marquées E.A., justifiées et signées H—t—g  (dont à tout le moins 1/30-18/30, 20/30)
d. (2) portant H.C. et la signature H—t—g
e. (1) portant en bas à droite, d’une main légère et étrangère Hélion

Pierre Chave, Vence / [!?: Nicolas Hélion · Editions Production, Paris]


La matrice acétate, préparée à l’encre d’imprimerie, existe (FHH, cession Pierre Chave 2008); elle présente notamment la mention 2 tons., soit 2 plaques, ce que corrobe le bon à tirer chez Pierre Chave, portant d’une main étrangère BAT — Litho 1 — 2 plaques — Noir 2 P[arts] — Bleu acier 3 P — Bleu turquoise 1P ­— Helion. — 150 Bonnes — tirée. L’imprimeur détient (12.2.2008) une épreuve portant H.C. et la signature H—t—g. Une charte des couleurs, sans doute préparée par la «maison HH» pour Pierre Chave (x.), au rouleau encreur sur Bristol (portant au verso de la main de l’imprimeur numéro de téléphone et adresse de HH : 33 1 62 50 / 5 rue Gauguet 14) retient la qualification du bleu indigo: 5 parts de laque bleue / 3 parts de laque viridine / 1 part de noir taille douce (n° 55981) / Le tout de chez Charbonnel.

Pour L 1977-1 (RMM 521), nous lisons sur une page de notes diverses par MA commençant par Office du Livre  Hirschen: 1 / Nicolas Hélion / 1 édition de 99/99 + 20 ex. format Jésus (76/56 cm); et HH d’y ajouter de sa main: 76/56 feuille. Le montage de la photographie L 1977-1 de la «cartothèque photographique» confirme: 1. Ed 99/99 / „Hommage à Hélion“ / (Chave). Les «Croquis Chave» (grande page pro memoria au stylo-bille et au stylo-feutre, chez l’imprimeur) consignent: Helion / Rouleau / L 1977-1.

Cette zincographie matérialise sans doute le premier élément de la colla­boration du lithographe Pierre Chave, laquelle commence par une visite le 3.1.1977 auprès de HH. Ce «voisin» établi à Vence lui aurait été signalé ou présenté par Daniel Abadie. Le terme de «report», utilisé sur un double feuillet, de la main de MA, qui re­tient ce qui a été Remis à Mr. Chave le 14/5/55 ( = «1er bordereau Chave»), laisse comprendre que la campagne des estampes réalisées chez ce praticien est en fait constituée d’autographies, soit d’images exécutées sur support souple et translucide, transfé­rées par insolation sur zinc et tirées comme autant de lithographies.

L’idée de cette technique – ou, à tout le moins l’acquiescement au recours à celle-ci – a sans doute été préparée dans l’esprit de HH par ses travaux pour Arte · Adrien Maeght (L 1969-1 [RMM 282 b.], puis L 1970-33 [RMM 337] et ss) et par les tirages sur Folien, soit sur acétate (rhodoïd transparent), qu’il fit chez Erker, à Saint-Gall, de ses lithographies de 1974. Nous parlerons, par commodité, de photo-autographies sur zinc (cf. à ce propos L 1970-33 [RMM 337]).

Lors d’une conversation téléphonique du 23.8.2006, Pierre Chave a confirmé que tous ses travaux avec HH sont partis de modèles sur table lumineuse transférés sur zinc. Ce «détail» pratique se trouve corroboré au besoin par MA qui consigne sur le feuillet libre de ses notes du 22/2/80 avec Mr. Chave ( = «4e bordereau Chave», p. 2) simplement: Table lumineuse pour Mr. Chave. Ces matrices premières (les matrices secondes seront les supports d’impression sur zinc qui reçoivent l’encre et la transmettent au papier) sont de deux ordres. Aux acétates semi-translucides assez fortes (mais aussi, parfois, plus souples sinon minces: cf. L 1977-22 à L 1977-25; RMM 542-545), traitées essentiellement au rouleau à l’encre d’imprimerie chargée de siccatif, au crayon lithographique et au grattoir, s’ajoutent les films argentiques de photogravure (typon) déjà insolés, donc noirs, et travaillés au grattoir comme un cliché-verre à la Corot.

Particulièrement dans le cas des matrices acétate exécutées artisanalement à l’encre d’imprimerie, l’image présentait bavures et imperfections (appelées à être corrigées) et des configurations ou dimensions au-delà desquelles le geste de l’artiste se poursuivait souvent et qui allaient être masquées au format voulu ou exactement recadrées par des bandes d’auto-collant opaque. La matrice première est, pour son transfert sur zinc par insolation, posée face travaillée sur le support d’impression, de sorte que le tirage restitue l’image dans le sens même de son exécution.
 
Les archives de la FHH documentent bien l’anamnèse de l’édition.

Une première lettre (manuscrite) de Nicolas Hélion (=NH), postée à Paris le 31.10.1975, informe HH de ce qu’il ouvre une galerie rue de Lille et lui confesse: J’aurai[s] souhaité vous voir car j’aimerai[s] réaliser une édition avec vous. Le 2.3.1976 NH entretient (dactylographiquement) HH de son projet d’éditer un album d’hommages à Jean Hélion (…) car Raymond Queneau qui était trop pris auparavant, a accepté d’en écrire le texte. Il fait état d’une gravure offerte gracieusement par Miro [Cramer 1093] et de collaborations possibles de Calder, Jime Dine, Lindner et Steinberg. L’ouvrage, au format Jesus, doit être édité à 99 exemplaires et 20 hors commerce. L’impossiblité de rétribuer justement le travail de HH, donne à NH le courage de suggérer à ce dernier la possibilité d’une collaboration gracieuse.

Le 10.3.1977, la réponse dactylographique de HH au fils du peintre Jean Hélion (1904-1987), mon premier ami en France, en 1935, télégraphie­ra-t-il le 28.10.87 à Jacqueline, sa veuve, est particulièrement chaleureuse: Cher Nicolas Hélion, / Je viens de recevoir votre lettre. / Tout d’abord je voudrais vous demander des nouvelles de votre père et de sa santé. / Votre projet que je trouve très sympathique tombe assez mal, en tout cas pour le cas que vous vouliez le réaliser cette année-ci. Je ne dispose d’aucune édition de 120 exemplaires ni justement encore moins en jésus. / Je sais que d’autres se font la tâche facile en donnant tout simplement une gouache ou une aquarelle et ils la font reproduire par d’autres personnes ou par d’autres méthodes mécaniques. Je ne veux sous aucun prétexte entrer dans ce jeu-là. /Mais si vous vous occupez d’estampes, vous devez me compren­dre. / J’ai ces temps-ci énor­mément de travail. Mon seul lithographe auquel je me fie se trouve en Suisse et je ne pourrais envisager aucun voyage là-bas avant – peut-être – en automne. Pour le moment tout cela m’est impossible. / Est-ce que vous avez un numéro de téléphone ? Le mien est : (93).33.45.92. / Excusez cette réponse qui est provisoirement négative , et tenez-moi au courant, s’il vous plaît du développement de votre projet. / Veuillez transmettre [sic] à votre père mes sincères amitiés. / En vous souhaitant bonne chance pour votre galerie, je vous prie de croire à mes sentiments cordiaux.

La réponse du jeune NH, d’un «naturel» déjà salué par La Rochefoucauld, souscrit aux pétitions de principe des estampes de reproduction, rappelle qu’il n’avai[t] pas demandée [sic] une lithographie mais une eau-forte, et rassure HH sur sa bonne volonté d’attendre, puisqu’il ne pense pas publier l’album avant l’automne. A la faveur d’un appel téléphonique (4.5.1976), on apprend que  NH, qui doit venir sur la Côte en juin ’76 (MA), recevra un plan envoyé le 4/5/76. NH fait sa visite à Antibes le 13.8.1976 en compagnie de sa fiancée, Geneviève de la Tour d’Auvergne, et de Laurent Bourgois, un ami étudiant en architecture: NH aurait  / aimé / pour Noël sa contribution à 99/99 + 20 ex format Jésus. / 76 x 56 ; le maître, qui retient cela sur une feuille de papier (annotée par MA), gratifie Lindner, l’un des protagonistes prévus de l’album, de l’épithèque fig. super realiste. Une carte manuscrite de Jean Hélion à AEB et HH parle gentiment de NH: Merci de la très belle photo de mon fils / Nicolas et de son amie Geneviève. (…) … un autre aventurier qui, après 4 ans au Venezuela etc. et un / an aux Indes, vient de rentrer : étudiant et fleuriste / Nicolas, donc et comme je vous remercie de lui faire bon accueil !

Le 4.1.1977, sur papier des éditions Hélion Jancovici, NH vient aux nouvelles pour l’album «les Amis d’Hélion[»] : il demande de [lui] communiquer quelque chose à ce propos et  [lui] faire envoyer ici la facture des lithographies. Par téléphone, le 14.1.1977. vient l’annonce: N paye l’imprimeur / noir et blanc., et HH de préciser sur le feuillet pro memoria: 99/99 + 30 E.A / 20 épreuves pour moi / 10 pour Nicolas. / + un album fini complet. Le 12.4.1977 Nouveau coup de fil de NH le 14.4.1977, et HH note derechef: 129 épr. / Format Jésus. / artiste 20 ex. / 1–90 ; MA ajoutera en pied: HH a téléphoné à Nicolas Hélion / le 15/4/77 pour lui dire que / la litho avait été choisie et que / tout dépendait maintenant / de Mr. Chave. Un dernier décompte, sur carte Avec les Compliments de Pierre Chave (14.5.1977), ajoute aux 99 + 30 EA de l’édition, 1 Bon à tirer / 5 E.A pour l’Atelier. MA complète en pied: 2 HC. Pour Mr. Chave / et 2 H.C. pour HH / Il y avait 140 ex. en / tout. (Mr. Chave a donc reçu 7 en tout). Rien ne se perd !

La (provisoire) conclusion est mise sur papier par MA: L 1977-1 / Mr. Nicolas 2 /helion / est venu chercher / l’édition de 99/99 + 10 EA (21/30 EA – 30/30, / le 16.5.77 / (Epr. 30/30 a été dédicacée à son père, Jean / et 29/30 " "  " à lui-même, Nicolas). Le 25.7.1977, Pierre Chave, avec ses sentiments les plus cordiaux, adresse un 2e rappel de facture à NH. Un troisième suivra le 17 novembre 1977.

Le dénouement du projet, si l’on peut dire, est exposé dans une lettre de NH à RMM (Paris, 19 novembre 2007) : L’album que j’avais entrepris n’est hélas jamais venu à terme, en effet de fortes dissensions entre mon associé de cette époque Mr Harry Jancovici et moi ont empéché de mettre à terme ce projet, je regrette de ne pouvoir vous aider mais Monsieur Jancovici m’a volé toutes ces lithographies ainsi que celles de Miro dont une était dédicacée à Jean Hélion. Cela fait 30 ans et j’en garde un souvenir amère compensé par la joie que j’ai eu de rencontrer Hans Hartung. Bref, il est désormais difficile de statuer si Nicolas Hélion est bien l’éditeur de cette estampe qui a peu ou prou disparu dans quelque jungle parisienne.

 


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