LAS ESTAMPAS DE LA COMETA, 1971

une suite de 5 eaux-fortes, exécutées en 1970 et publiées sous portefeuille (?), Las estampas de la cometa (Gustavo Gili), Barcelone 1971, sans colophon

Le catalogue d’éditeur Hans Hartung / Las estampas de la cometa qui reproduit les 5 gravures publiées en 1971, donne p. [8] en trois langues (espagnol, anglais, français) le descriptif suivant:
Cinq eaux-fortes sur papier Velin Arches, 75 x / 105 cm. Format des planches: 52 x 80 cm. / Edition : 75 exemplaires numérotés et signés / par l’artiste. // Album avec les cinq eaux-fortes: F.F. 5'650.

La suite se compose, dans l’ordre retenu par les catalogues de l’éditeur, des estampes G 1970-5, G 1970-1, G 1970-2,
G 1970-3, et G 1970-8 (soit, toujours dans l’ordre d’édition, RMM 287, 283-285, 290). Ce classement ne concorde pas avec l’ordre de création (G 1970-1, G 1970-2, G 1970-3, G 1970-5 et G 1970-8; lettres a – e de Hans Hartung •1971, catalogue d’exposition, Paris 1971-1972, Galerie de France), retenu par HH dans sa numérotation interne (notes et photographies) suivant 3 pages d’esquisses (copies au carbone bleu sur vélin détaché d’un carnet à spirale, 482 x 340 mm) qui enregistrent visiblement le processus de travail à l’atelier Gili, puisque chaque croquis resti­tue l’image de la plaque gravée et non son épreuve imprimée (en contrepartie). C’est la séquence de ce «Cata­logue historié 1970» que nous avons adoptée pour le présent catalogue raisonné, en suivant tout d’abord la 1ère feuille, intitulée les moyennes. 80/52.

L’idée qui conduira à l’édition, en 1971, des 5 estampes «de la Comète» naît dans le courant d’un échange de lettres que René Metras, gale­riste à Barcelone, mène à partir du 26.6.1969 (documentation FHH) avec HH à propos d’un livre qui lui serait consacré aux éditions Polígrafa, à Barcelone, sous la plume espérée (belle, mais procrastinatrice) de Jean Leymarie, le directeur du Musée national d’art moderne, à Paris, puis d’Aguilera Cerni, un critique technocrate, qui avait signé un Julio Gonzales (lettre du  5.9.1969). L’auteur sera, finale­ment, Pierre Descargues et l’ouvrage paraîtra en … 1977. L’édition de luxe de cette monographie devait, bien sûr, être enrichie avec des gravures originelles et se doubler d’une édition bibliophilique, laquelle prit un cours différent: on y reviendra sous L 1977-2 à L 1977-5 (RMM 522-525).

La première étape des éditions barcelonaises sera celle des «Estampas de la cometa» de Gustavo Gilli. Cette «collection», lancée en 1964, comptait alors Eduardo Chillida (1968), Modest Cuixart (1967), Lucio Fontana (1966), Manolo Millares (1970), Hernandez Pijuán (1964, 1967), August Puig (1970), Antonio Saura (1969) et s’auréolait de la prestigieuse publication, en 1969, de l’Entierro del Conde de Orgaz de Picasso. La lettre inaugurale de Gustavo Gili à HH porte la date du 13.2.1970. Un accord proposé le 2.4.1970 est signé par HH le 14 avril (documentation FHH). Il prévoit que l’artiste viendra avec AEB vers le 26/28 mai à Barcelone (en fait du 27.5. au 4./5.7.1970, soit quelque six semaines), pour exécuter 5 eaux-fortes à grand format tirées et signées à 75 exemplaires chacune, plus 15 HC pour HH. L’artiste fait ajouter à la lettre-contrat qu’il gardera les épreuves des différents états et essais des 5 gravures pour le carton [portefeuille] prévu, ainsi que celles de ses propres planches, et les cuivres de ces dernières. Les cuivres des 5 gravu­res «de la Cometa», rayés, resteront la propriété de l’éditeur, alors que ceux des estampes supplémentaires que HH pourrait encore réaliser à Barcelone (entendre: ses propres planches)  lui reviendraient, 10 épreuves de ces dernières (sur un tirage de 75 + 15 HC) étant alors cédées à Gili en payement du travail du tirage effectué. Au cours du séjour barcelonais de 1970, HH gravera 21 plaques (ou 22 !) en tout, soit 9 moyennes (G 1970-1 à G 1970-9), 8 peti­tes (G 1970-10 à G 1970-17) et 4 grandes, plus une «œuvre collective» (G 1970-18 à G 1970-21 + G 1970-22).

Les honoraires pour la «suite» Gili sont prévus sous deux modali­tés, à choix: soit par cession d’un exemplaire de la Tauromaquia de Pepe Illo, avec les 26 aquatintes de Picasso, soit par paiement de 25'000,- francs français. HH choisira de recevoir 10'000,- francs le 21.8.1070 et 15'000,- le 8.6.1971. Le 31.7.1970, Gustavo Gilli annonce que les planches se trouvent maintenant à l’aciérage. Le 13.1.1971, La série Gili avance à grands pas. Un autre courrier gilien, du 13.2.1971, donne à penser que l’impres­sion des 5 «Cometas» est achevée. La signature aura lieu à Barcelo­ne, lors d’un séjour du 26.6. au 1.6.1971, à la faveur d’une ex­position de HH chez René Métras.

Le catalogue d’éditeur Hans Hartung / Las estampas de la cometa qui reproduit les 5 gravures publiées en 1971 (l’exemplaire de la FHH est accompagné des cartes de visite de Gustavo Gili et de René  Metras datées du 15.5.1971), communique les explications suivantes: Artiste de renommée mondiale, nous jugeons superflu de présenter encore une fois la personnalité de Hans Hartung. Nous dirons tout simplement que les eaux-fortes que nous avons l’honneur de présenter aujourd’hui dans la collection «Las Estampas de la Cometa» sont le résultat de la nouvelle rencontre de Hartung avec la gravure sur cuivre. // En effet, Hartung a réalisé pendant ces dernières années de nombreuses litographies, mais ses antérieu­res eaux-fortes datent d’il y a 17 ans. // A Barcellone, dans notre atelier, pendant le printemps 1970, Hans Hartung a retrouvé le métal, l’ácide et les outils de la taille douce. Voilà le résultat que nous croyons très représentatif du style de l’artiste.

Un petit catalogue offset (2 ff. doubles non brochés) accom­pa­gnant l’exposition Epreuves d’artiste (Argenteuil, 4.3-4.4.1981, Centre culturel municipal) fournit comme en contrechamp la perception de l’artiste (même s’il taît le nom de Gili). Il s’agit de quelques lignes que HH a rédigées le 29.1.1981: Il y a une dizaine d’an­nées j’ai trouvé à Barcelone une exceptionnelle occasion d’exécu­ter toute une série de gravures d’assez grande taille. L’ambiance était parfaite et la compréhen­sion de l’imprimeur me permettait de prendre toute les libertés, entre autres celles de faire tirer les planches en positif et en néga­tif. Ceci augmentait essentiellement le champ expressif. Dans le deuxième cas j’approchais surtout beaucoup de l’expression directe de mon action de grattage dans le vernis et dans la pla­que de cuivre.

 En dépit d’un «résumé» de la main de HH, daté par MA du 6.3.1973, qui précise qu’il a reçu 15 «cartons» avec les 15 ex pour moi, la FHH ne détient aucun de ces albums, portefeuilles ou cartables (carpeta, en espagnol, portfolio, en anglais) qui devaient présumément rassembler les 5 gravures. 

Un relevé de la main de MA, daté du 27.5.1971 (donc établi à Barcelone lors des discussion accompagnant les opérations de justification des impressions), enregistre un certain nombre de données relatives aux différentes estampes de 1970 et à leur justification (= «Relevé justificatif 1970»). Il commence par ces mots: Cette page: / concerne les 5 gravures / de l’album (de la main de MA) // Edition Gili / Transformer les 15 H.C. de chaque pour HH en E.A. (de la main d’un tiers).

C’est chez Gustavo Gilli que le peintre-graveur mettra au point son fameux «noir bleuâtre HH». Une petite feuille de carnet quadrillée (documentation FHH) en donne la composition:  Noir HH avec barbara chez / gili 1970 / 5 parts laque bleue / 3 parts laque viridine (vert) / 1 part NtD (Noir taille / douce 55981) / Tout chabonnel. Voici ce que HH en dit dans son «Autopor­trait» (Grasset, Paris 1979, p. 238): Depuis 1970, j'utilise souvent pour mes lithographies une autre couleur que le noir. Je voulais garder des valeurs sombres, fortes, mais sortir du noir d'imprime­rie terne et sans profondeur qui me faisait penser aux cercueils. J'ai donc mélangé des encres et je suis parvenu à un bleu, bleu-noir, noir violacé qui donne une transparence aux fonds et crée l'illusion de plusieurs couleurs. Pourtant j'aime le noir. C'est sans doute ma couleur préférée. Un noir absolu, froid, profond, intense. Je l'ai très souvent employé associé à un fond très clair.